Pour passer la Drome

MODE D'EMPLOI


Ces explications complètent le récit du vol Montagne du Chat - La Bégude de Mazenc


Trois paramètres négatifs s'unissent pour rendre le passage de la vallée de la Drôme assez difficile, voire parfois impossible. Ceci bien sûr, si l'on est parti du Chat (ou plus au Nord):
- le vent est fort. Plus on descend vers le Sud, plus il forcit. Il n'est pas rare, quand on passe du Chat à Crest, de voir une multiplication par 2, voire 3.
- il est tard, les thermiques sont plus faibles et plus dispersés, les plafonds sont bas. Ceci dit, il y a une sacrée différence entre un passage vers 17h30 et un autre vers 19h00. D'où l'intérêt à ne pas chômer avant. Toute perte de temps préalable hypothèque lourdement le passage.
- sur le plan topologique, après Crest il y a une zone de collines, montant en escalier jusqu'à environ 400m d'altitude, sur une distance de 10 km. Après, il y a un trou brutal donnant sur une grande plaine. Il y a situation de danger.

Les collines servent de rampe de lancement au mistral. Une grosse vague prend forme et redescend loin derrière. J'ai pu grossièrement évaluer que la masse d'air est globalement descendante jusqu'à environ 8 à 10 km après le sommet et qu'elle agit jusqu'à 800/900 m d'altitude. Il y a danger car du côté abrupt au Sud, il y a vraisemblablement des rouleaux monstrueux. J'ai autrefois entendu le récit d'un type dont l'aile a cassé dans cette zone, ne devant son salut qu'à son parachute.
A mon avis, il faut passer le sommet avec au moins 500 m de gaz pour être en sécurité, la vitesse du vent étant le critère d'appréciation principal. Pour ceux qui connaissent, on se retrouve dans le même cas de figure que quand on vole à Millau par Tramontane forte en direction de la mer. Au bout du Causse, il y a une cassure à négocier avec un minimum de gain sinon c'est la débandade. Si l'on n'a pas ce gain d'au moins 500 m, je considère personnellement qu'il faut avoir la sagesse de se poser dans les collines. Là aussi, attention, il y a objectivement des atterros, mais si le vent est fort, ce n'est pas évident. Jean-Paul Budillon peut vous raconter le sien dans cette zone un certain 14 Juillet 89. Il considère qu'il s'en est très bien sorti vu la façon dont ça s'est passé.
Un dernier point: il serait intéressant que ceux qui sont déjà passés à cet endroit apportent des précisions (même si ce sont des contradictions) à mon analyse. En attendant, bon courage à tous car je suis persuadé qu'il y a bien mieux à faire.



Claude DESMURGET

Vol Libre Isère n°44 février 1994