Essai d'étude aérologique
- Brises thermiques -
On se proposera ici de préciser un certain nombre d'idées concernant
les brises. N'importe quel livre traitant d'aérologie nous informera qu'une
brise diurne est la conséquence de l'activité thermique solaire
à l'échelle d'une vallée ou groupe de vallées et que
cela se traduit par un déplacement de l'air des hautes pressions vers les
basses pressions, généralement du bas vers le haut. Ce qui n'est
malheureusement pas traité, c'est tout ce qui concerne l'épaisseur
verticale de ces brises. C'est pourtant un point crucial. Sans pouvoir donner
des chiffres exacts, on peut cependant faire un certain nombre de constatations
en se laissant guider à la fois par le raisonnement et par l'expérience.
On considérera dans la suite de cet article une vallée standard,
non pénétrée par un vent météo, soumise uniquement
à l'activité thermique générant :
- La brise dite "de vallée" dans le fond de ladite vallée.
- La brise dite "de pente" sur les flancs.
On précisera tout de suite que :
- Ces 2 manifestations ne sont pas indépendantes et participent du même
phénomène.
- L'on s'intéressera dans ce qui suit uniquement aux effets dynamiques
des brises.
- 1 - Distribution (horizontale et verticale) du flux de vallée.
On constate généralement:
- dans la partie centrale de la vallée : un écoulement dans l'axe
de cette vallée, occupant la presque totalité de la largeur. Cet
écoulement est le siège d'une compression dynamique (filets d'air
resserrés) dans la partie inférieure, ce qui correspond à
la vitesse maximum du flux montant, cette vitesse diminuant au fur et à
mesure que l'altitude augmente (problème de la hauteur d'influence de
la brise). Au-dessus intervient alors le vent météo, s'il y en
a un.
- dans la couche directement au contact des pentes de la vallée : un
écoulement d'assez faible épaisseur par rapport à la largeur
de la vallée. Dans cette zone, les filets d'air se redressent de plus
en plus pour finalement devenir perpendiculaires aux courbes de niveau à
une certaine altitude dépendant de la compression citée plus haut.

Zone d'influence de la brise.
- remarque : le trait limitant la zone d'influence de la brise sur le schéma
est fictif. Il sert uniquement à imager le propos.
- 2 - Importance des 2 types de distribution.
Elle dépend essentiellement de l'importance de la compression en basse
couche de la vallée, c'est à dire en grande partie de la largeur
de la vallée. Comme on ne peut "quantifier" le phénomène,
on prendra 2 exemples extrêmes.
- exemple 1 : vallée du Grésivaudan (au niveau de Crolles par
exemple)
Le flux général vient du Nord. Comme la vallée est très
large, la brise de vallée est assez faible en intensité (10 Km/h)
et en épaisseur (quelques centaines de mètres maximum). Du fait
de la faible compression, les filets d'air se redressent assez vite vers le
haut sur les flancs. La brise de pente est en général peu importante
et de faible épaisseur. les dynamiques sont difficilement exploitables.
- exemple 2 : une vallée du Briançonnais (celle de la Durance
par exemple).
Comme la vallée est très étroite et profonde et que l'appel
d'air vers les basses pressions est important, la brise de vallée est
très forte (de 20 à 40 Km/h) et très épaisse (plus
de 1000 m). Il lui arrive d'ailleurs parfois de passer les grand cols et de
redescendre dans une autre vallée. Du fait de la compression importante,
les filets d'air ont une grande inertie horizontale.
Il faut souvent monter assez haut sur les pentes pour qu'ils se redressent complètement.
La brise de pente y est alors assez forte. Il n'est jamais bon de se retrouver
en basse couche dans ce type de vallée.
- 3 - Utilisation.
On s'aperçoit donc que dans une vallée standard, les conditions
sont loin d'être favorables.
- Dans le plan axial : aucune composante verticale.
- Contre les pentes, en basses couches : soit des brises faibles à composantes
verticales peu exploitables (vallée large), soit des brises fortes à
composantes horizontales (vallée étroite).
Plus on descend, moins on a de chance d'exploiter des dynamiques. Heureusement
que toutes les vallées possèdent des accidents topographiques
qui induisent des zones de redressement vertical des filets d'air.
On distingue 3 situations favorables :
- Confluent de 2 vallées (exemple le Briançonnais : l'Argentière,
Les Vigneaux)

- Changement d'orientation de la vallée (exemples : Guillestre, entrée
de la Maurienne)

- Arête, barre rocheuse coupant transversalement la vallée, décrochement
(exemples : St Vincent les Forts, La Bâtie)

- 4 - Deux remarques importantes.
Dans les raisonnements précédents, on a fait l'impasse sur tout
le phénomène convectif (thermiques). Il va de soi que des thermiques
naissent dans les vallées et qu'ils y sont exploitables, mais d'une part
ils sont peu nombreux, et d'autre part il y a souvent des couches d'inversion
qui contrarient ou annulent la convection.
Ensuite, il est évident que l'irruption d'un vent météo
est susceptible de modifier profondément les flux de vallée. Il
est impossible d'envisager toutes les situations, mais la connaissance du schéma
aérologique sans vent est indispensable pour essayer d'extrapoler avec
celui-ci.
Claude DESMURGET (C.H.V.D.)
dessins de Jean-Paul BUDILLON
Vol Libre Isère n°16, novembre 1987
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