Essai d'étude aérologique
- Répartition spatiale des thermiques -
- à proximité d'un décollage. -
- Importance des vents et brises -
La bonne compréhension des processus suivants est fondamentale car,
en aérologie de montagne surtout, elle conditionne pratiquement la qualité
des vols et fait la différence entre Vol-Plouf et Vol de durée.
Nous raisonnerons sur un site idéal, à savoir une crête
rectiligne de quelques kilomètres bordant une plaine ou un plateau déclencheurs
de thermiques.
Situation n° 1 : pas ( ou peu ) de vent météo
et/ou de brise sur le site.

Les thermiques qui déclenchent à l'avant du relief (vallée,
plateau) :
* sont éparpillés
* ne sont pas emportés puisque il n'y a pas de vent.
- L'aile qui décolle depuis la crête a statistiquement peu de chances
de rencontrer un thermique, même s'il est gros. La difficulté est
moindre s'il y a matérialisation ( nuage ). Cependant, objectivement,
la situation globale n'est pas plus favorable.
Situation n°2 : Vent météo et/ou brise assez
forts sur le site.

- On sait que la majorité des thermiques ne naissent pas sur la crête
( cela arrive parfois cependant) . On sait aussi que les thermiques à
l'avant du relief sont rabattus sur ce relief. Ainsi, au sommet de la crête,
il y a une densité assez élevée de thermiques avec alimentation
continue.
- L'aile qui décolle sur la crête ou qui vient d'y arriver ( en
cas de cross ), a beaucoup de chances d'en rencontrer un , il lui suffit de
faire des aller-retour.
- La situation est d'autant plus favorable que le vent et/ou la brise assure
souvent un dynamique généreux permettant d'attendre les fameux
thermiques salvateurs.
Conclusions :
- Les vents ou les brises ( de force raisonnable, bien sûr )sont des facteurs
favorisants.
- Sur certains sites où une brise ( brise de vallée surtout )ne
souffle qu'à partir d'une certaine heure, il faut l'attendre, même
si elle tarde un peu, sinon c'est l'éventualité d'un Plouf rapide.
- Exemple de tels sites: La Forclaz, La Bathie Neuve, Saint Vincent les Forts,
Séderon ...
- En cas de vent météo bien établi accompagné d'une
forte instabilité, on peut décoller parfois très tôt
( 11h30 - 12h ) avec de bonnes chances de faire un vol de durée.
- Il faut savoir, sur un site observer d'abord l'absence de brise, puis sa naissance,
ensuite son amplification ,enfin sa plénitude; plus on monte tôt
sur un site, mieux on comprend.
Situation n°3 : Envisageons le cas d'une 2ème chaîne
derrière la première ( sous le vent ) parallèle ( pas trop
éloignée cependant) et d'une hauteur équivalente.

- La 2ème chaîne ne sera pas aussi bien alimentée en thermiques
que la 1ère, pour 2 raisons :
* la vallée entre les deux chaînes est peu large
d'où peu de déclenchements,
* l'écoulement dans cette vallée est parallèle
aux chaînes , surtout en basses couches, les thermiques ne se précipitent
donc pas sur la 2ème chaîne.
- Les seuls thermiques intéressants lécheront donc au mieux longitudinalement
la 2ème chaîne sur son devant non immédiat
- La situation est loin d'être aussi favorable que sur la 1ère
chaîne , même si un dynamique existe transversalement sur la ligne
de crête ( plus on monte , moins l'effet d'écoulement de vallée
se fait sentir et les filets d'air ont tendance à reprendre la direction
générale).
- Remarque importante : si la 2ème chaîne sous le vent est géographiquement
de plus en plus éloignée de la 1ère, l'influence de celle-ci
se fait de moins en moins sentir et la situation sur la 2ème devient
elle aussi celle du cas standard ( situation n° 2 ).
Conclusions :
- En cross, il faut essayer de deviner à l'avance le sens des écoulements
locaux en vue des reliefs où l'on est susceptible d'aller. Les distributions
sont parfois complexes et il n'est pas toujours évident d'avoir raison.
Mais analyser les situations géographiques et aérologiques mène
parfois au succès.
On tiendra compte :
* des entrées d'air,
* de la force du vent météo et de son orientation générale,
* de la force des brises (fumées au sol, cheminées d'usines ...),
* de l'orientation des reliefs les uns par rapport aux autres,
* des hauteurs relatives des reliefs.
- Ne nous y trompons pas, la clé pour accéder aux vols de distance
passe par ces raisonnements. Savoir enrouler les thermiques ne suffit pas. Notre
sport est un sport intelligent, ne mourrons donc pas idiots!
Claude DESMURGET (C.H.V.D.)
Vol Libre Isère n°12, mars 1987
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