Tout le monde était à la fête à Laragne
les 20 et 21 août

Exceptionnel pour moi, par deux fois je boucle et bat mon record de distance
(qui date de ce printemps)

Par François-Dom

 

 

"Zavier ka venir, je vous avais prévenu.
Je me suis vengé du Covid.
"
Ainsi se résumait mon message "Si vous auriez su, vous auriez venu". Car je le sentais venir. J'annonçais le 19
"J'ai bien envi de tenter un beau vol à Laragne.
Vendredi serait très bon, samedi excellent (je vois du 3800m) et dimanche très bon avant les éventuels orages ...
"
Au moment de partir le vendredi matin, je prédisais même du 4000m. Mais là, mon interprétation des émagrammes basés sur le GFS étaient franchement optimiste. Pourtant ce modèle est souvant fiable pour estimer les plafonds.
Toujours est-il que ces deux jours furent excellents. J'atteindrai 3684 et 3686m et les deux vols se déroulèrent à haute altitude, dans un grand confort.

 

Vendredi :

Il y a bien du monde et de grandes pointures. Il ne manque que Mark Haycraft et Alain Chauvet qui se reposent de leur remarquables vols de la veille.
Je retrouve au sommet des Espranons au décollage dit "Les courageux" Lydie et Jean-Louis Foglia avec leur ami Dominique.
Nous serons tous les quatre en radio. Cela me boostera et me permit sans doute de franchir un point clé en quittant le Plateau de Bure où Stéphane Varetto "se fera avoir".



Deux points bas à 1770m, ça va !

Je décolle comme d'habitude en dernier et commence par faire un point à l'Est pour être sur de boucler si je me pose, d'aventure, au camping de Laragne. Tout le reste du vol, je serai en retard comme le lapin dans Alice.
Lydie vole en Mambo. Elle trouve maintenant son aile performante trop lourde. Elle bataille honorablement à Orpierre et pause au camping après un honnête circuit de 31km.
Je tente d'aller le plus loin possible à l'Ouest et compte bien trouver une pompe au dessus des prairies sèches de Chamouse.

Que cette montagne est belle !

Je ne trouve pas du premier coup. Toujours inquiet malgrés la bonne altitude, je préfère viser les nuages en direction du Rocher de Beaumont. C'est la seule fois où je trouverai le temps long. Je raccroche à 1800m et suis définitivement rassuré pour le reste du vol.
Je cours derrière mes devanciers. J'approche de Beaumont que Jean-Louis est au Col de Cabre. Je coupe avant Cabre, atteinds la Durbonnas, il fait demi-tour au Col du Noyer. Mais pourquoi ne va-t-il pas plus au Nord, c'est si beau !
Je m'offre toute la Montagne de Faraut.


Sur la crête de la Montagne de Faraut.
Au fond de gauche à droite, les deux pointes du Roc et du Pic de Garnesier, le Grand Ferrand, la Grande Tête de l'Obiou


Je domine les nuages formés du côté Champsaur quand j'enroule dans l'ascendance formée du côté Dévoluy


Le Lac du Sautet

Un joli moto-planeur au cockpit rond comme un oeuf me passe gentiment dessous et longe la crête par l'Ouest. Encore une fois, le Col du Noyer tient ses promesses et j'y fais mon point culminant. Puis, ne voulant surtout pas me retrouver sous le vent du relief à l'Est du Pic de Bure, je traverse en diagonal le Dévoluy, survole la station de ski et raccroche sur le gigantesque pierrier de la Tête d'Aurouze.
Et après ? Heureusement, Jean-Louis me conseille Céüse ou il a trouver l'ascendance salvatrice.
Arrivé un peu bas, je gratte à l'Ouest exactement au même endroit qu'il y a peut être vingt ans, lors de mon premier cross sous la houlette de Fred Pignet.
Je remonte tranquillement avec trois planeurs du côté d'Esparron. Il est tard, j'ai faim, je ne me sens pas bien mais je suis confiant : 18h20, 3000m, je vais rentrer.
Cela monte encore au Nord de St-Genis que je croise sans m'arrêter. Je boucle au bord du Buech pour la beauté du geste, il est 18h40 et je suis encore à 2400m. Remonté à bloc, avec un ciel pavé de nuages plats, je ne résiste pas à aller encore plus loin. Je m'accorde de descendre à 1700m avant de faire demi-tour mais cela descent si peu. Pour assurer le retour, je prends plus de marge et à 1800m, vertical la Durance au sud du Poët, je décide de rentrer pour de bon.
Je pose sur les roulettes par sécurité, me relève péniblement : il est 19h02 et on dirait que je suis le dernier. Jean-Louis est là depuis 1h30. Je sens dans ses propos une pointe de jalousie. Comment ? Avec une aile avec mat, je suis allé plus loin que lui ! Pour une fois, oui.
Nous mangeons à la nuit au resto du camping. Je suis tellement brassé que je n'arrive pas à finir mon gigot pourtant fort bon. Je plirai l'aile sous la lune, puis la tente, puis la douche. Pour les douze coups de minuit, je suis enfin couché.
Enfin ...
   demain s'annonçant aussi bon, on n'est pas couché !


Une triangle plat de 147km, ramené à un FAI de 128km pour trois points de plus, soit 179 points, et 6 heures de vol.
Mon record absolu.

 

Pour la vidéo de ce vol mémorable, c'est par ici

résumé en 8 minutes 15

 

Samedi :

Samedi ressemblera beaucoup à la veille, avec des plafonds tout aussi généreux, un ciel quasiment vide de nuages et une visibilité exceptionnelle.
Aller chercher les ascendances dans du bleu fait travailler la confiance et l'analyse.
Cette fois, je vole en liaison radio avec Hervé Casali et Thierry Roche.


Les points bas seront généralement au dessus de 2000m. C'est bon !

Arrivé au Pic de Bure, je choisis de renoncer au Faraut pour tenter ma chance le plus au sud possible.
J'admire la montagne de Céüse tout en prenant 1250m. Un sentier court au sud au pied de la falaise. Une belle randonnée à venir.


Les pistes de ski n'ont pas défiguré la montagne.



Que cela monte facilement !

Arrivé au Colombier à 17h, cela devient compliquer pour monter. En 3/4 d'heure et une marche arrière, j'assure le plein pour aller droit... Mais il est où ce camping ? A contre-jour, je devine la Montagne de Chabre et vise au pif !
C'est bon, je pose sur les roulettes à 18h10.
Alain Chauvet est à ce moment à plus de 3000m au sud de Baillon. Il ne fera plus qu'une grande descente pour se poser presque une heure après moi. Triangle FAI de 234 km votre honneur !
Hervé Casali est posé depuis une heure et a réalisé lui aussi un triangle FAI, de 125km. Quant à notre comparse Thierry Roche, il n'a pu boucler.

Toute mon admiration va à Lydie Fauglia qui réalisa en 4h sous son Mambo un autre FAI de 77km.

Pour ma part, je suis heureux d'avoir réussi à tenir deux jours de suite et de m'être si bien bagarré au Colombier pour arriver à boucler. Avec ce triangle FAI de 119km, je réalise en deux jours à passer en tête de la CFD catégorie "Sport" (avec mât).


Au camping, une fois n'est pas coutume, TOUT le monde est enthousiasmé par cette grande journée. Je n'entendrai point ces remarques d'insatisfaits qui auraient pu aller plus loin ou voler plus longtemps.

Le ciel nous tînt en joie !