Jour d'orage
Nous avons présenté dans
les "Dossiers météo" l'orage
monstrueux du 19 août 2009.
Eric Thomas, pilote Triévois, l'a croisé et s'est sauvé.
Il nous invite à partager ce vol.
Lire également le réçit de Philippe Wagnon
en vol ce même jour avec Fred Pignet ... |
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mercredi 19 août 2009
Par une belle après midi d'été
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"Retenu à Mens par des obligations de travail,
je n'ai pas pu rejoindre l'équipe Phiphi, Fred et Cie au col
du Granon sur cette journée qui s'annonçait exceptionnelle.
On verra dans la journée qu'elle l'était mais pas comme
on l'imaginait.
Depuis le matin je regardais les balcon Est du Vercors s'allumer avec
des développements très modestes mais très hauts.
Après une conversation avec Phiphi ou Fred (je ne me souviens
plus) m'incitant à venir les rejoindre, on décidait
de se retrouver en l'air en radio dans l'après midi quelque
part entre l'Oisans et la Maurienne. Mon plan de vol initial était,
à partir de Courtet, de rentrer dans le massif du parc des
Ecrins par l'Olan pour les rejoindre vers la Meije. |
Après avoir solliciter mon beau père pour me "droper"
à Courtet j'observais tout en montant mon aile l'évolution
des conditions. Cà avait fier allure et rien ne laissait penser
à ce qui allait suivre. Seul interrogation, cette masse d'air me
semblait trop calme pour être honnête : pas de brise,
pas de thermique balayant l'air d'envol, bizarre...

Excité par l'idée de faire la diagonale du fou (Courtet/Olan/Meije/Aiguilles
d'Arves/Maurienne, A/R) et de rejoindre mes compagnons de vol, je décollais
sans air dans un ciel limpide parsemé de cumulus isolés.
Rapidement je me suis retrouvé à 3000 dans une masse d'air
douce et calme avec déjà de forts développements
vers le sud.

Vers 3400, çà commençait à brasser mais sans
plus. Je regardais les planeurs transiter à fond vers le sud et
c'est en suivant la transition d'un groupe de 5 planeurs que mon regard
c'est arrêté un instant sur des rideaux de pluie qui tombaient
du côté d'Aspres sur Buëch et du Pic de Bure.

Au dessus de ma tête très haut un voile commençait
à s'installer mettant le Trièves dans l'ombre: il était
temps de partir en transition. Côté Valbonnais/Ecrins tout
était pour le mieux.
Je choisissais ce moment pour rentrer en contact avec les pilotes du Col
du Granon. Cà commençait à être chaud pour
eux mais çà volait comme d'habitude à fond la caisse
avec de très beaux plafs (plus de 4000 pour eux vers la barre des
Ecrins, 3800 pour moi sur le Coiro/Jas du Lièvre) et de bons varios.
C'est à ce moment là que
tout à évolué rapidement. Ce voile de nuage
haut que j'ai d'abord pris pour un voile de cirrus, s'est densifié,
avalant littéralement le massif des Ecrins, m'obligeant à
faire demi tour dans ma transition vers l'Olan. |
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Je vole à l'intuition, suivant les nuages plutôt que les
reliefs, j'aurai dû me douter de quelque chose puisque le Colombier
n'était pas matérialisé. Je suis allé là
où le nuage était actif, m'obligeant à un crochet
avant de rentrer dans le Valbonnais.

Contact radio furtif avec Phiphi en perdition vers le Lautaret, Fred toujours
positif avec "çà va passer", la pluie, la grêle
en l'air pour eux et la fuite vers le nord tout bleu pour moi.
Coiro / Taillefer une formalité, Taillefer / Belledonne à
fond la caisse.
(j'ai quand même pris le temps de faire quelques
photos)
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Je me retrouve vers le Grand Colomb dans des conditions aérologiques
se durcissant nettement, gros vario et masse d'air turbulente. Un nuage
sorti de nulle part m'arrose et me gratifie d'un joli arc en ciel.



Face à
moi la Chartreuse offre le même ciel qu'en début de vol dans
le Trièves. Je transite direct sur la Dent de Crolles et chemine
tranquillement en direction du Granier tout en observant ce qui se passe
derrière moi.

L'enclume monstrueuse progresse mais ne menace pas pour l'instant la Chartreuse
à mi-chemin en direction du Granier.

Le ciel se voile, je décide de faire un demi tour raisonnable (récupe/sécurité)

et je me pose à Lumbin avec 40°C et 100% d'humidité.
Pliage rapide; coup de fil à Camille (mon beau père) déjà
sur la route plus très loin (puisqu'obligé de quitter la
piscine municipale de Mens pour cause de pluie).
Une visite de courtoisie à Xavier Beauvallet avec qui j'ai
juste le temps de m'assoir à l'abri à la terrasse du bar
"l'attéro" pour siroter une bière, des trombes
d'eau s'abattent sur nous, genre déluge de l'Apocalypse.
Camille nous a rejoins, çà tombe tellement fort qu'on a
droit au brumisateur naturel qui rafraichit l'atmosphère.
Après une demi heure de rinçage (bière et pluie)
nous voilà reparti vers Mens. Sur le chemin du retour Phiphi m'appelle
pour me décrire les conditions dans lesquelles se sont déroulées
leur circuit : Phiphi dans le col du Lautaret avec un vent soutenu
(je crois qu'il remercie encore les randonneurs qui l'ont aidé
à se détacher), Fred le "çà va passer"
de retour à l'atterro du Granon, Bruno je sais plus.
En somme une belle journée d'été marquée par
un phénomène météorologique de grande dimension."
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