LA CHASSE AUX THERMIQUES EST OUVERTE




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C'est le titre de la liste des dates, sorties, remarques et noms des organisateurs de mon club pour l'année 1996.

Cette année encore, et pour la troisième fois, mon nom figure en face de la sortie du 15 et 16 juin à Chamonix. Avec mon nom, mon numéro de téléphone et pour remarque: "Cette année, c'est la bonne !".
Depuis deux ans, la météo avait trouvé un malin plaisir à rendre impossible tous décollages aux dates retenues pour cette sortie.
Mes informateurs à Chamonix me confirmaient des plafonds bas, du Foen et autres bizarreries de la météo qui rendent impossible toutes caresses au prince des Alpes, j'ai cité le Mont Blanc.
Bien sûr, ce fut facile d'ironiser et d'évoquer l'Arlésienne et autres rêves inassouvis. N'est-ce pas Marie-Hélène?

Cette année, ce fut la bonne!

À la réunion du vendredi soir qui précède la sortie, nous sommes six à nous inscrire pour justifier au moins l'utilisation du bus. Olga, bel oiseau perché sur une patte depuis son flirt avec la seule bâtisse cachée de l'atterro de Courtet (si, si, il y en a une à gauche en arrivant) sera notre chauffeur.

Dans la semaine, les inscriptions fusent : 2 bus avec celui de Jacques et 3 voitures particulières font que nous nous retrouverons vingt à occuper le gîte du Bois du Bouchet.

Bernard Mazeaud, mon contact à Chamonix, ne sera pas là mais m'indique le nom du nouveau président du Delta Club de Chamonix : Philippe Lafarge qui sera efficace.

Pas de Grand Montet à cette époque car fermé depuis le 5 mai. Mais qu'à cela ne tienne, nous irons au Grand Montet en volant à partir de Plan-Prat; le survol de la vallée de Chamonix étant autorisé jusqu'au début juillet.

"Allo, je voudrais retenir vingt couchages dans votre gîte pour le week-end du 15 juin."
"C'est d'accord, je vais terminer mes vacances à la Grande Motte pour vous ouvrir le gîte samedi prochain."
Sympa l'aubergiste !
Et l'atterro, c'est où l'atterro ? Enfin, on se retrouve deux douzaines de pilotes et accompagnateurs dans le Bois du Bouchet à contempler cette langue d'herbe au milieu des bois, langue qui en excitera plus d'un à l'attérro (n'est-ce-pas, Olivier !).

Direction le télécabine de Plan-Prat. Négociation avec les employés: 5 ailes par plateau toutes les 20 minutes. Finalement nous arriverons à faire monter 16 deltas en deux rotations! Remise 10% pour les groupes !

Et le décollage ? Il y en a trois : en herbe, réservé aux parapentes, en bois pourri et mal alimenté derrière la gare, en métal solide pour les deltas, mais pas assez pour la lame de la dameuse qui l'avait arraché à la fin de l'hiver. Heureusement, il sera détordu avant notre arrivée, et l'équipe dynamique du Delta Club de Chamonix nous aura même détourné le vent qui sera bien de face pendant ces deux jours.

Phiphi boue d'impatience. José n'en boue pas moins. Éric y va vite, trop vite à l'atterro...
C'est impressionnant cette pompe sous le câble du Brévent et dans la petite combe qui y monte. Musclée mais petite, ses petits bras nous hissent sur la crête du Brévent. La gare, dont l'arrivée me flanque le vertige avec sa terrasse de tôle perforée qui surplombe le vide, est vite enrhumée dans un +3 qui, royal, nous glisse sur la crête des Aiguilles Rouges à 3200m d'altitude. "J'ai vu un chamois, j'ai vu un chamois !" Mais non, Phiphi, c'est un alpiniste en train de brouter. Il y en a de partout. "Bonjour", "Pardon", "Bon courage", j'imagine qu'ils ont dû changer leur style de vie parisien pour un peu plus de courtoisie en montagne !

À l'aiguille du Belvédère, je prends la décision de m'enrouler avec le thermique qui flirte avec Phiphi, Bernard Virus et José en direction de l'Argentière et des Grands Montets.
C'est soft, pas de bruit, un décor de Frison-Roche à vous filer le frisson (les roches !). Ça grappille quelques mètres sur le glacier d'Argentière en face des Grands Montets et les Dru me présentent ses 2000m de falaise qui vient de mourir rive gauche de la mer de glace. "Bof, bof!" dit le vario. "C'est beau !" dit le pilote. "Bip, bip !" dit le vario. "Ah !" dit le pilote. "Pourquoi diable, ça monte au milieu de la mer de glace? Et ça continue! Papy laisse faire !!"
Et c'est de plus en plus beau. Dans l'axe : les Grandes Jorasses, à gauche : la Verte, en dessous : le refuge du Couvercle, à droite : le glacier du Tacul et au fond : la Vallée Blanche. Plus au fond, à droite, ce qui dépasse, c'est soit le Tacul, soit le Mont Blanc. Doute! Mais que tout cela est beau !!!
Et mes copains ? Où sont mes copains? Quelques-uns causent à la radio, d'autres à la pompe.

Je demi-tourne, faute d'ascenseur sous les nuages qui coiffent le refuge de l'envers, et je me retrouve à l'endroit où ça monte au-dessus de la gare du Montenvert (ça monte envers à l'endroit), va savoir, José! Il faut prendre le sentier du plan de l'Aiguille, puis aux marques rouges et jaunes, tourner en direction des aiguilles de Chamonix, ensuite, continuer sur la crête qui va au Charmoz et ne pas faire la queue comme toutes les cordées de péquins qui attendent sagement que ceux qui sont devant aient fini de balancer leurs caillasses vers le bas.

Vers le haut, pas de caillasses, mais un gros noir qui t'accueille bras ouverts si tu veux ...

Fait un peu le c.. papy, montre-leur à ces cloportes ce que sont nos papillons. "Salut, ça va, c'est pas trop dur ?" Ils ne me répondent pas. Ils doivent avoir la maladie de la grande ville précitée, sauf toi, Olivier.
Allez, papy ! Filons ! Frison t'attends à l'Aiguille du Midi. Plan de l'Aiguille, que je recommande car en écarquillant bien les yeux et en ajustant mes varilux, je découvre l'amorce du câble qui grimpe à l'Aiguille du Midi. Blaitière qu'il s'appelle le gros rocher qui se coiffe à mon approche à 2800m QNH.
Bôf, je file. Bernard Virus enroule vers le glacier des Bossons. J'ai vu le fil, j'ai pas vu l'aiguille, mais de fil en aiguille... arrête. L'arête qui sépare le glacier des Bossons tourmenté du glacier du Taconnaz m'inspire. Mauvaise muse aujourd'hui, c'est pas terrible mais ce sera mieux demain. "Salut les skieurs" qui enchaînent sous le Mont Blanc du Tacul "Je rentre au nid où mes petits m'attendent pour becqueter."

Ça glisse bien, ça bouge dans les basses couches, ça brasse beaucoup à la crête des arbres, glissage sur le gîte "Tiens, ils sont là ! Ouf !" Alignement sinusoïdal décadent tu cours ou tu pousses? Aujourd'hui, tu es privé de roulettes car depuis le temps que tu dis que l'atterro de Chamonix est tip-top. Finalement, je cours, je pousse. C'est pas orthodoxe, mais ça fait illusion et oh, merveille, j'atterris sur mes pieds. Ils n'en reviennent pas, moi aussi mais demain, de vous à moi, je ne poserai pas ici.

Ça tchache, ça a faim. Olivier, qui n'a pas oser emmener sa nouvelle Laminar vers les sommets au-dessus des gorges profondes, se dit qu'en emmenant deux de nos copilotes féminines Mado et Anne-Laure à la piscine, il pourrait contempler les sommets par la grande baie vitrée. Il n'en fut rien. Topless , c'est le nom de ces nouvelles ailes sans mats ! Suivez son regard !

Le soir, l'apéro où les gars du coin nous rejoignent, joyeuse ambiance ! "Une pompe sur la Mer de Glace" me dit le Jacques local, "ça n'arrive que deux fois par ans !"

Il faut sortir la laitue fraiche, le rosé tiède, les poulets chauds et ce qui suit pour que ce merveilleux gîte devienne le palais des milles et une nuits. Bourré, moi, mais non, j'ai bien dormi dans la nuit chamoniarde d'un gîte où 24 personnes des deux sexes ont dû faire comme moi. Odeur, vous avez dit odeur? Mais non, à cette altitude là, cela n'indispose que les gens de la grande ville précitée.

Chaud est le café du lendemain et le pain frais et pas les croissants. Chacun se dévoue, c'est bien ; les filles sont belles, les montagnes aussi. Il ne reste plus qu'à grimper là-haut sur nos montagnes pour y prendre notre pied habituel. "Petits oiseaux, zio zio, qui mangez du crottin..."

Aujourd'hui, on rentre à Grenoble en volant !!! Chacun paye de ses sous et de sa personne. Le repas de midi s'organise. Au télécabine pas de négociation : ça monte en deux voyages. Caroline et Josselin préfèrent réussir à monter au Brévent en téléphérique; je les admire. Le soleil est le même qu'hier, les conditions aussi.

C'est devenu un vol de routine. Le Brévent après un petit tour sur l'Aiguillette. Les touristes? On dirait qu'il n'y en a plus. Les chamois ? On dirait qu'il y en a moins, Phiphi, lui, est toujours là.
Les Aiguilles Rouges avec leurs névés. J'allonge un peu sur le col de Balme, mais c'est pas terrible. Je retrouve mes copains aux Grands Montets. Il y a là Bernard Virus, Éric B., Phiphi, Jacques et d'autres qui ne se manifesteront pas.

Je retrouve ma copine : la Verte très Dru, je voulais dire dur, la gare du Montenvert au bon endroit, le sentier toujours à la même place (Phiphi, c'est là que ça montait !), le virage vers les M, la queue au Charmoz avec aujourd'hui des cordées de couleur bleue.
Je repère rapidement le câble de l'Aiguille du Midi à la même place, et profite d'une altitude un peu plus haute que la veille. Le glacier des Bossons, les skieurs, Éric B. est bien bas sur le glacier, peut-être qu'il a repéré une petite glissant à sa convenance! (Je ne pense pas à une skieuse) La crête monte aujourd'hui sur le glacier de Taconnaz, le Gros Béchard, les Grands Mulets grandes bourriques qui me tirent en enfer dans du moins 6 vers les Houches.
+6 -6 enfin le Lachat et le petit métro aérien qui monte les parisiens de St Gervais au Nid d'Aigle.

Cela va reprendre car je dois me poser à Lumbin, ce soir. Éric, m'ayant vu faire Orangina, a préféré retourner à la langue précitée où l'attend avec langueur qui vous savez.
Pour moi direction RATP pour Rien A Traîner Plouf vers le Prarion 1967m vu par-dessous, Servoz 865m où pompent quelques rares parapentes vu par-dessous, Chedde atterro officiel de Plaine-Joux mais pas pour les deltas me dira-t-on. "Une biroute, une biroute, s'il vous plaît !", Là, près de la route, il y en a une au-dessus du bistrot, mais tellement bourrée qu'elle ne sait plus où elle va.
Je choisi l'envers des parapentes car au fond le terrain monte et au fond je suis pas si c...
Pas de raison aujourd'hui de poser debout, laissons cela aux parapentes! Vitesse, ça défile vent de cul. Boeing, boing, boing ! Ça remonte, Ouf! 10cm sur les herbes, ça remonte un peu plus, pousse un peu, 1 m de roulettes. J'enlève les trois brins d'herbe accrochés à mon harnais et je me retourne. Putain d'atterro, il faut maintenant que je porte tout mon barda pendant 200m, Il y a des jours où j'aimerai avoir le courage de faire du parapente, Vous avez dit parapente ?

Ils sont nombreux à m'accueillir. Il paraît que je les ai bien fait rire. À l'atterro? Non, sous les Grands Mulets car avec un vent pareil, jamais personne de la région ne s'y serait aventuré...

À que j'aime le vol libre. Ce jour-là, j'ai quand même appris quelque chose : l'Orangina finalement, on la secoue pas tellement.
De toute façon, la prochaine fois que le Club volera à Chamonix, ce sera en transition vers le Valais !!!
Bôf... "Le crottin restera"

Papy

A vendre résidence secondaire: harnais T1, bien situé, grande luminosité, vue imprenable !!!

Auteur : Bernard Thomas

Vol Libre Isère n°55 janvier 1997


Supplément photo extrait des albums du club

Vous y étiez ? Faites moi part de vos commentaires, anecdotes, voire envoyez votre propre récit. Indiquez moi les noms des protagonistes et des lieux.
Au nom de tous, nous vous remercions.

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