Jerry Lee
L'Anglais

Ou : Le record delta de St Hilaire: 132 Km en distance libre.



D'habitude il papillonne SOUS l'eau, entre 100 et 300 m de profondeur, en vase clôt dans une atmosphère d'hélium, tout en bas des piles des plates-formes pétrolières de la Mer du Nord, respirant ce gaz qui lui enlève les odeurs, le goût des aliments, mais pas le goût de la vie, car lorsqu'il remonte, il respire comme vous et moi, mieux même, il vole, très bien même, écoutons-le:

13 h 30 (date?)

" Pourtant au début c'était très mauvais, Etienne et Didier zonaient dans le Manival, j'ai suivi seulement jusqu'à St Pancrasse, et c'est là qu'une pompe nous a monté avec Etienne à la Dent de Crolles jusqu'à la base du nuage à 2 700 m, de là jusqu'au Granier en volant en" dauphin ", en ralentissant dans les ascendances et en accélérant ailleurs, sans jamais avoir eu à enrouler, notre plafond était encore à 2 700 m .

De là nous sommes partis en transition vers le Nord-Est où il y avait des planeurs: le Col de Lindar, en passant au-dessus de Montmélian, à finesse max, Etienne, 200 m sur la droite descendait plus que moi et n'a pas réussi à raccrocher, il a fait demi-tour pour se poser.

J'ai continué vers le Mont de La Buffa juste au Nord, le Grand Colombier, le Mont Chabert, le Mont du Charbon, mais je n'ai pas insisté, car vers le village de Doussard avant le Col de La Forclaz et Annecy il y avait un splendide cumulus en formation, de 2 300 m à 2 500 m. Direction directement La Tournette ( alt 2351 m ) en arrivant juste au sommet, encore une fois cela ne montait pas fort. J'ai donc suivi la crête de la Cotagne, en direction de Thônes, et au bout c'était bon, j'ai traversé en direction du Col de La Buffaz il y avait un bon venturi mais en " grattant" j'ai pu transiter à la Montagne des Auges et monter au nuage, en passant un peu au Sud du Petit Bornand, je me suis dépêché d'aller vers l'Aiguille Verte, le Pic de Jallouvre, et La Pointe Blanche où c'était très bon, et suivi les crêtes du Bargy jusqu'au bout.

A l'Est vers Le Buet il y avait du vent, matérialisé par des lenticulaires, vers le Salève c'était tout bleu... Pourtant il fallait prendre le maximum de hauteur pour traverser en direction de Taninge, en passant par le Mont Orcher ( alt 1342 m) comme relais où il a fallu gratter très près, en face au Mont Marcelly cela paraissait incroyablement calme, mais il y avait des oiseaux qui planaient, à Mieussy sur la gauche des parapentes volaient très bas.

Au Mont Marcelly, j'étais sûr .que cela marcherait... Mais il a fallu gratter encore plus près peut-être à ,moins de 10 m du relief en dérivant, dans un léger dynamique, gagnant 450 m maximum; en attendant longtemps, jusqu'à la Pointe du Mont Fleuri, il était environ 17 h en arrivant à La Haute pointe encore une fois au Nord, puis la Tête de Fogly, le Lac de Vallon, la Pointe de La Gay. Les thermiques devenaient très petits ne permettant pas de gagner plus de 500 m de dénivelé.

J'ai attendu assez longtemps au Mont Billiat, car la pompe commençait puis s'arrêtait sans cesse, j'ai pu enfin traverser cette D 902 en direction d'un pylône de télé à côté du village de La Forclaz, encore un, où je suis monté tout doucement au maximum, car je voulais traverser "Les Gorges du Diable" avant le petit village de La Plantaz, vraiment inhospitalières... .

Je suis enfin parti en finesse pour traverser cet enfer et me poser à Vinzier à quelques Km d'Evian, vers 19 heures, soit 5 h 30 de vol.

Un autre deltiste est arrivé au même endroit, venant de la Dent du Chat, il a tout ramené à St Hil. "

En vol il y a longtemps qu'il ne s'occupe plus de son vario, du centrage de la pompe, de sa vitesse, de la dérive, ni des repères au sol, il fait un tout avec son aile, alors:
Il ne fait qu'observer la qualité du ciel, les conditions, les nuages, leurs ombres au sol, la force du vent, pour prendre les bonnes options et tenir l'air aussi longtemps qu'il le faut, comme les bons...

Ca, c'est pour les vacances, car il cherche du boulot, étant plongeur professionnel, il est très polyvalent, il sait aussi bien manier une clé à molette que du béton, notons le.



Vol Libre Isère n°51, septembre 1995