A R I Z O N A - 1 9 9 7

 

... à partir de Gost Town

 

 

Merriam Crater : le Puy de Dôme, mais pas tout à fait ….
(à 40km au NE de Flagstaff)

 

Philippe Chaisemartin


Juste saisissant. Imaginez que vous arrivez devant le Puy de Dôme. Tout autour, le désert. Devant nous, un chemin droit dans la pente.

(photo prise sur le web)

Nous serrons les ailes au max sur le toit, petite vitesse et c’est parti. 500m plus haut, le sommet. Atterro à perte de vue, à 360°. L’autoroute, seul axe à suivre pour avoir une chance de se faire récupérer est à 30km de là. Déco possible à 360°. On cherche le vent de face. Montage des ailes. Il fait chaud, très chaud. On enfile tous nos vêtements. Fourrure polaire. Gourde pleine. Papy se précipite…. Et loupe son déco, retour à la pente. Pas de mal , il redécollera 1/2h après. C’est parti pour moi. Ca descend, c’est doux, déjà le sol se rapproche. Bip, bip. Ouf, ça monte. Bientôt le sommet s’efface. Aucune turbulence. Du pur bonheur. Je ferme les yeux, juste se laisser flotter. Bip, bip, bip… Ouf, il fait bon, hum même presque froid. C’est trop beau. La vue est extraordinaire.

(photo Google Maps)

Déjà plus de 4000 m, 4500 m. Bon sang, la gourde est gelée. Je ne supporte pas l’altitude, Je quitte le thermique ; droit sur l’autoroute, 30 km effacés d’une traite, vent arrière. Là, je suis la ligne d’enrobé, vent plein travers, ca descend toujours. Va falloir poser. Un dust se lève à ma gauche, mais à 500 m au moins de la route. Je suis trop bas, pas assez de gaz pour revenir. Tant pis, je tente, ca ne peut que monter. Le sable tourne sous moi, je monte avec. C’est reparti ! C’est même pas turbulent. Et re-finesse et… cette fois, je pose… pour me prendre un dust 2 mn plus tard. J’attrape l’aile par le nez. Elle monte à la verticale, girouette, posée sur le dos. Pas de mal, ouf, l’aventure continue. Ce jour là, Jacky fera plus de 100 kms dont peut-être une dizaine à 100m sol, le long de l’autoroute. Chaque fois qu’un véhicule passait, cela faisait une petite bulle… et de bulles en bulles, à ras du sol, Jacky, à force de ténacité, se retrouve à nouveau propulsé à 4000 m…
 

Déco possible à 360°


Le lendemain, c’est orageux. En fait c’est presque tous les jours orageux. Mais ce jour-là, plus que les autres jours. Seul José décolle de Merriam Crater. Subitement, une ligne de dust se lève du désert, à quelques kms. Le vent se renforce sévèrement au décollage. José, encore sous le déco, monte devant nous et file devant le front. Il posera à 30km de là. Juste le temps de se détacher et les trombes d’eau le rattrapent. On retrouvera notre José, trempé, sous son aile pas encore repliée.

 

 

Grand Falls

(Little Colorado River)
Les gorges ont 60m de profondeur. Une coulée de lave à franchi et comblé la gorge.
Le fleuve est sorti de son lit, a contourné le front de la coulée et rejoint son cours par ce grand escalier.

 

 

Mingus Mountain
(situé dans la chaine des Black Hills, au sein du Prescott National Forest,
à 120km au nord de Phoenix)

infos par le

 

Mingus, pas le temps de déjeuner, faut décoller !


On dort au déco car à 9h, il faut déplier. Pas un pilote local en vue. Je n’en verrai pas pendant toute la semaine que j’ai passée là-bas. A 11h au plus tard, il faut être en l’air car ensuite le vent vient brutalement de derrière et c’est la lessiveuse. Décoller, monter avant la renverse du vent et c’est l’extase. Ce jour-là, peut-être un peu trop crispé sur ma barre, je n’arrive pas à passer la crête. Soudain, la renverse. Ca tape. C’est la première fois que j’entends mon harnais qui gémit dans la ressource. C’est cuit, faut que je file sur l’aérodrome local (eh oui, nous sommes aux US, on pose sur l’aérodrome ici). Bon, ça va pas le faire. L’aérodrome est trop loin.
  

 

Je pose au milieu des cactus, vert de rage. Tous les autres sont au-dessus. Je vois des points dans le ciel. Je plie. Radio. José annonce sa position « suis à 5005m, sous le cum… » 5005 m ! et ça monte encore mais sans oxygène, c’est limite, il est un peu inquiet. José quitte son nuage. Je scrute le ciel. Je sais exactement où il se trouve, juste au-dessus de moi. Je ne peux pas le voir. 4000m entre nous 2. C’est la 1ère fois que je ne vois pas une aile en l’air car elle est trop haute …
 

Campement au déco de Mingus.
On déplie les ailes entre les arbres, après le petit déjeuner.

On reconnaît de gauche à droite :

Bernard Thomas (Papy),
Jacky Estublier,
Philippe Chaisemartin,
José Mantrana,
Philippe Wagnon et derrière l'objectif François Finck.

 

 

Sedona

(au nord-est de Mingus Mountain,
bien au delà de Cotton Wood)

 

 

Philou (Philippe Chaisemartin) au déco de Mingus.
Le déco du haut de Mingus.

Le paysage sous le déco :
pas vraiment posable !

D’où mon posé au milieu des cactus.


Le lendemain, 4800m de plafond, 4 h de vol, jamais descendu sous les 3800, trop mal à la tête pour rester en l’air, posé à l’aérodrome après un joli triangle.

Pendant ce temps, Papy, toujours trop pressé, est obligé de se poser à côté de 2 bâtiments isolés, au milieu de nulle part. Il était sous moi, je le repère, donne sa position à la navette… Au sol, plus d’accu sur sa radio. Personne, si 2 personnes complètement débiles. 40°C à l’ombre. Pas d’eau. Papy sèche et la navette tourne autour sans le trouver. 2h de recherche. Papy sèche de plus en plus. Il bricole sa radio avec des bouts de ferraille pour raccorder les accus du vario sur sa radio. Ca marche. Le message passe. La navette est à coté. Ouf, on a retrouvé Papy. Ce soir là, totalement épuisé, Papy s’endort comme une masse. L’Arizona a eu raison de lui !
 

(d'où furent extrait pour un milliard 
de dollars de cuivre, or et argent)  

A 4000 m, au dessus de Mingus

 

... un des atterros possibles.

 

Les pistes, ce sont nos atterros.

 


4000 ...
 
 

l’aérodrome de Cotton Wood

 

 

Cotton Wood,

l’atterro officiel de Mingus, c'est l’aérodrome !

 

 

Two guns

(sur la sixty six)


1997 / 2004 ...
Une station service abandonnée au bord l'autoroute
Philou s'est posé avant l'orage.
 

La piste rose.

 

 

Sedona

Magnifique vache où s'est posé Philou (Philippe Chaisemartin)

"En fait, c'est le terrain de foot du collège de jeunes filles de Sédona...
mais il n'y a que les canassons qui m'ont accueillis...
c'était quand même sympa, avec un petit côté Far West."

   

De Mingus à Sedona :

On fait un plaf à 5000m avant histoire d'assurer, puis c'est 40 km et 1h de vol... en 1 seule transition.

 

 

   

De gauche à droite :

Phiphi (Philippe Wagnon), Papy (Bernard Thomas), José Mantrana,
Philou (Philippe Chaise-Martin), le gérant de l'école de treuillé, François Finck,
Jeff (Jean-François Doreau), 1 élève américain.
   Retournez-vous pour voir Jacky (Estublier) qui fait la photo.

Le camion est celui de l'école de treuillé

 

Et pour conclure, aux innocents les mains pleines !

Comme je l’ai écrit précédemment, nous n’avions pas de billet de retour pour nos ailes. Nous nous sommes donc présentés à l’aéroport de Phoenix avec nos ailes sur le dos, 24h à l’avance tout de même, pour enregistrer nos bagages et négocier un retour sans supplément. Evidemment, à la vue des paquets, 1 aile par personne (4m50, 45 kg avec tous les rembourrages + duvets et autres équipement dans la housse), ça a un peu, beaucoup, coincé. Eh bien, notre Papy nous a fait un numéro de séduction qui, à force de persuasion, a fini par nous mettre en relation directe avec le directeur commercial de la compagnie Delta Airline, un dimanche. Et miracle, celui-ci a accepté de nous rapatrier gratuitement nos ailes sur Paris. Faut dire, qu’avec Papy, nous étions des membres de l’équipe de France, nous avions l’habitude de voyager partout dans le monde et que nous avions faits des vols extraordinaires aux US, que, bien sûr, le vol est notre passion… Et que nous sommes tous des frères dans le monde des volants !

Et voilà comment nous étions quelques heures plus tard de retour à Paris avec nos ailes sur l’épaule.

Récit : Philippe Wagnon, mars 2010

Fin

 

L'album 2002 ...